Oui, j’ai essayé. Oui, j’y suis toujours. Au secours.
De
Twitter, après quelques semaines, j’ai compris que :
1)
Une conversation est rarement attendue.
J’entends par là qu’une question n’attend pas vraiment de réponse, en tout cas
pas ce genre de questions qui prend à la base ses lecteurs pour des
cons :
Hey, les gens pourquoi vous gardez vos tickets de CB et talons de chèque ??
(lolilol trop drôle ces gens trop
bizarres ouhou)
Si vous répondez quelque chose comme :
Pour faire ses comptes.
On vous agressera sur l’air de :
Je fais pas mes comptes, ça te pose un problème ?
Si malgré tout tu as l’impudence de
préciser :
Euh, non, je réponds juste à ta question.
Tu te verras répondre :
Emilien, tu as un œuf en avatar.
Et cela quinze fois de suite, de la part
d’une personne qui avait l’air lucide et adulte. Du coup, tu comprends qu’une
pharmacienne qui a deux fois ton revenu n’a pas besoin de faire ses comptes
(apparemment) et tu te retrouves à bloquer et traiter (in peto) de grosse conne une
grosse conne que tu aimais suivre. Too bad. Tu saisis que les gens, ici, parlent
seuls, et ne te considèrent que comme le relais de leur parole solitaire, via
le Retweet qui semble ni plus ni moins être leur seule source de validation
personnelle. Tu as l’impression que rien n’a d’importance, pourtant beaucoup prennent à cœur des remarques totalement vides et sans intentions de blesser. De
toute façon, tenir une conversation est quasiment impossible… Les hashtags,
liens et mentions prennent tant de place qu’il n’en reste plus pour vos
(éventuels) arguments (c'est pourquoi certains se contentent d'un TG). Ou alors, ne vous adressez qu’à une seule personne.
Surtout pas plus. Et avec la conscience que l'hypocrisie est généralisée : chacun lâche tout ce qu'il musèle dans la vraie vie véritable, ceux qui te disent qu'il faut bien des règles, des lois, du respect etc. Puant.
2)
L’orthographe, c’est un gâchis de caractères. Avec 140 signes, et une masse incroyable de collégiens qui
sèchent les cours pour pouvoir tweeter, il paraît que ce n’est pas possible. Faire
remarquer à quelqu’un qu’il a fait une faute d’orthographe est l’attaque la
plus odieuse que vous puissiez faire.
Vazy jnik ta tante.
3) Ça prend du temps, énormément de temps. En fait, monstrueusement. C’est absolument inqualifiable. J’en frémis à chaque fois que j’y vais. J’ai autre chose à faire, tu comprends. Comme c’est un outil hautement manipulé par nos chers as de la manipulation (partis politiques, labos pharmaceutiques, lobbies en tous genres, journalistes) la vérification de l’information monte cet épineux problème de temps au carré. En même temps, j’ai maintenant la certitude que VOUS N’ÉDUQUEZ PAS VOS ENFANTS (seuls ceux qui sont concernés prendront mal cette réflexion, j'attends avec impatience vos réactions). J’espère vraiment qu’ils vous le feront payer.
4) Le hashtag est ton ami. Sacré invention. Il sert de marqueur, basiquement, un truc qui range tout automatiquement, mais c’est aussi une excellente façon de donner une chute désopilante à un tweet.
Ça fait 4 heures que je vs surveille, ma mère va me gronder #TraitezMoiEnAdulteMerde !
Sa volatilité orthographique est
heureusement compensée par la débrouillardise (désolée, j’ai pas d’autre mot
pour évoquer les algorithmes) de la fonction recherche. Il permet de créer des
tribus (la tribu des 1D est la plus forte), et crée des Tendances. Du coup, il
se monnaie en Retweets, et certains l’assènent 1000 fois dans le vide jusqu’à
ce qu’il s’y trouve (pourquoi ? mais pourquoi ??). Parfois, il y a
des vraies pépites. J’ai adoré celui-là :
Bygmalion, écoutes, Kadhafi, sondages... pour contrer ya toujours un Musulman, pour le reste ya Mastercard #JeTchipeLesRepublicains
5)
Des fois tu apprends des choses.
Par exemple, tu tombes sur un lien qui t’apprend que les pandas ne sont
fertiles que 48h /an, et pas davantage :
6) Tu regrettes d’avoir appris quelque chose si c’est Paris Match qui te l’apprend. Avant Twitter, j’avais une fierté. Plus qu’un lointain souvenir.
7) Pour avoir les programmes télé, il faut aller sur Tendances. Je remarque que les noms de vos émissions sont de plus en plus merdiques. Pour pouvoir faire des acronymes. Par exemple TPMP fait référence à une émission totalement débile présentée par une équipe de débiles présentant des sujets débilitants qui marche très bien. Heureusement, je n’ai pas la télé. Par contre, faites gaffe, vos cerveaux c’est du mou de veau (idem, seuls ceux qui sont concernés...).
8) Twitter, c’est la télévision345198. Sans la pub dans la mesure où je bloque TOUTES les marques qui atterrissent dans ma TL et qu’après 2-3 mois, c’est bon, y en a plus. Par contre, je ne rate aucune catastrophe, aucun massacre, aucune connerie prononcée par nos politiques. J’avais peu de respect pour eux, mais là, vous avez achevé de me convaincre que j’ai bien raison de ne pas voter. Vous vous rendez compte les âneries sans nom que ces gens sortent H24 ? Je ne vais pas mettre d’exemple, je sais que tu en as plusieurs en tête. Cela dit, j’en n’ai rien à fiche des diarrhées de Sarko ou autre, par contre, d’autres choses m’effraient salement. Et ça peut défiler, défiler, comme un JT sans fin, pshiiit. Il ne se passe toujours rien dans la réalité. À quoi vous sert l’information, la connaissance, si ce n’est pas pour guider vos actes ? Vous êtes tous en roue libre ? Vous avez tous remis votre dignité au supermarché du coin en échange de bons d’achats ?
En Inde un lac tellement pollué et toxique qu'il prend feu http://bit.ly/1Q1mJ63
Tchétchénie : l'union polygame d'une mineure «bénie» par Kadyrov http://rfi.my/1Q2Y9l9
Mort de 120 000 antilopes saïgas, en voie d'extinction au Kazakhstan http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/05/31/mort-mysterieuse-de-120-000-antilopes-saigas-en-voie-d-extinction-au-kazakhstan_4644227_3244.html … via @lemondefr
L'UE aurait renoncé à interdire 31 pesticides pr faciliter les négociations de l' accord sur #TAFTA Cancer pr tous http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/2460-tafta-union-europeenne-aurait-renonce-interdire.html …
Encore une femme trans Noire assassinée aux USA, encore une victime de la SuprémaCis blanche. R.I.Power #LondonChanel
« J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir » Un soldat israélien parle dans @LeMonde_Afrique http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/05/04/j-ai-vise-des-cibles-civiles-parfois-juste-pour-le-plaisir_4626922_3218.html#IP7tWjhzLJAbz4A1.99 …
Pourtant, la solution me paraît simple :
- arrête de voter pour eux
- arrête d’acheter ce qu’ils vendent
- Occupe-toi de tes fesses et pas de
celles de ton voisin
Arrête, refuse, bordel !!
Le cynisme, d’ailleurs, va beaucoup plus
loin. Quand tu as assisté à une marée de lamas ou de robes bleue/noire ou
or/blanche en même temps que le massacre de Garissa, tu as la chair de poule. J’ai
définitivement perdu foi en toi, Humain.
9) La netiquette n’y règne pas. On peut écrire en majuscules, ne pas dire bonjour, harceler, insulter, piéger. Non, en fait, ça fait partie des choses que je ne comprends pas.
Je
n’ai pas compris :
-
comment se crée ma TL.
Enfin, j’ai compris le principe, si tu veux : ce sont les tweets des gens
que je suis, mais aussi les tweets des gens que suivent les gens que je suis.
Mais je remarque que le principe a beaucoup de variations assez chiantes.
Disons que j’ai émis des hypothèses qui se sont souvent retrouvées invalidées
alors à un moment j’ai décidé d’arrêter. De comprendre. La disparition du
bouton « Découvrir » et l’aspect de ma TL ensuite m’a plongée dans un
angoissant abîme de réflexion.
-
Pourquoi j’ai régulièrement des nouvelles du FN ou d’autres fachos que je n’ai
clairement pas conviés ?
Réponse hypothétique : parce que ceux que je croyais être de braves gens
leur prêtent une oreille attentive (et donc leur RT). À force de bloquer,
signaler, éjecter, je me retrouve avec un profil d’abonnements suivants (ce qui
n’est pas gênant, mais qui fout quand même les boules sur l’état de mon
pays) : noirs, LGBT, végés, bios et féministes, à l’exclusion de tout le
reste que je trouve proprement infréquentable. Je ne compte plus les fois où je
suis tombée sur un compte de l’EI sans l’avoir, surtout pas, cherché.
-
pourquoi certains passent tout ce temps à chier de la merde. Si je trouve logique de chier de la
merde, finalement, je trouve assez étrange d’utiliser Twitter pour ça.
Torche-toi avec ta main si t’as rien d’autre. La violence latente,
l’épidermisme permanent, la défensive obligatoire, bref, le struggle for life
quotidien, ça vous ennuie pas, vous ? Certains sujets fâchent
direct : les vaccins, l’homéopathie et le groupe 1Direction. Tout le
reste, Twitter s’en BRANLE. Twitter, c’est le règne de la norme, du mainstream,
de la pensée unique, ceux qui y dérogent sont abattus sur place, à moins qu’ils
ne se regroupent en communautés hermétiques. Tout ça transforme ce truc en
vaste terrain de harcèlement/insultes/violence, toutes choses interdites par la
loi, me semble. Pourtant, je me souviens distinctement de mes cours, en techno,
où mon prof m’expliquait qu’internet est un lieu public. L’impunité lâche les
fauves. Tu es en quelque sorte l’homme invisible, ce qui te déleste de toute
responsabilité. T'es beau tiens, mais surtout, c'est tellement moche de te faire culpabiliser. Le comble quand on voit les kilotonnes de saloperies que tu déverses (seuls ceux qui sont concernés etc). Les mépris se confrontent, les contradicteurs se crachent à la
gueule, avant de se plaindre que 140 caractères c’est pas suffisant. JE suis
adepte de la violence conceptuelle, mais je laisse à chacun le choix de venir
me lire ici, ou pas. Prendre à partie des gens qui n’ont rien demandé, bof. Prendre
position devant des millions de personnes, c’est se faire lyncher, quoi qu’il
arrive. Sport collectif de Twitter par excellence, le lynchage. J’ai comme tout
le monde exprimer ma rancœur à l’égard de certains… Comme Monsanto ou Poutine…
et j’ai bien envie de traiter de con chaque Twittos, mais voilà, ma mère m’a
appris que les attaques individuelles en place publique, c’est moche. La seule
solution consiste à bien choisir ses amis… Mais même comme ça… La dernière fois
que j’ai causé de mes convictions médicales (pardon…
« pseudo-scientifiques ») avec un médecin, j’avais un nœud au ventre
à chaque notification. Peace, love, mes frères, mes sœurs.
Bien sûr, il y a des gens bien sur
Twitter, qui ne font jamais de mal à personne. Ceux-là, en général, ne parlent
que d’eux, de leur jardin, de leur chat ou de leur vie sexuelle. Ou alors ce sont des associations ou des partis politiques qui n'ont pas oublié ce que sont le respect et la politesse, conscients que l'état du monde est directement en lien avec la façon dont les humains se comportent. C’est bien,
mais qu’on ne vienne pas me dire que c’est un « réseau social ». Je
mets FaceBook et YouTube dans le même sac.Allez voir sur Seenthis.net, les gens se tiennent parfaitement bien. Donc c'est possible.
CONCLUSION
J’ai bien du mal. Il me paraît
douloureux d’y passer plus d’une heure. La fois où j’y ai passé la journée a
été redoutable pour ma tension et mon équilibre mental. Nous avons là l’essence
de notre « civilisation » (à mon avis, ce terme est abusif) :
tout est permis si c’est toi le plus fort. Je te fous ma bite sur la gueule, je
te chie sur les pieds, et je ne m’abaisse surtout pas à écouter ce que tu dis.
Bravo.
Tu as oublié les tweets poétiques #HEHO
RépondreSupprimerIl y a un peu de tout ça dans twitter. Tu peux y ajouter la mégalomanie des "gros comptes" qui râlent parce que tu as "pollué" leur SUPERBE tweet trop hyper LOL.
Trêve de plaisanteries, au bout de quelques temps de persévérance, j'ai rencontré IRL des personnes qui sont devenues des amis. Et ça c'est trop bien.
En allant sur twitter, je me suis reconnue féministe. Je discute avec des gens journalistes ou politiques auxquelles je n'aurais jamais eu accès. Il y a bien plus d'interaction que sur Facebook.
J'ai de nouveaux lecteurs pour mon blog.
J'ai renoncé à tout débat en TL.
Je prends parfois le temps de regarder comment pense des gens très différents de moi et ça m'enrichit. Mais je reste à peine trois minutes en apnée sur les comptes ki ecrive kom sa
J'adore les discussions absurdo/poétiques
Je hais les mecs qui m'envoient la photo de leur bite (c'est bien pire sur Facebook)
(Pour ta conclusion qui semble dure, un CMB eut été bienvenu #JDCJDR) <3
* pour tous les gros mots, je peux apporter une traduction
Argh, il m'a bouffé ma réponse !! On n'est plus chez soi !! (mauvaise foi... j'ai appuyé sur "Déconnexion" au lieu de "publier"). Bon, j'essaie de la refaire.
RépondreSupprimerAlors oui, j'avoue, elle est plombante cette note. En même temps, partout ailleurs on s'émerveille, faut bien faire contrepoids... Et regarde mieux, y a des choses positives !
Euh, oui, c'est quoi un CMB ? (C'est de la Merde But... ? :) J'ai jamais bouffé autant d'acronymes...
Les superbes images de NatGéo, les doux-dingues et les carrément géniaux qu'on y croise, les infos hétéroclites introuvables ailleurs, les élans d'humanité... sont aussi sur Twitter. Mais la balance ne penche pas du bon côté.
Songe également, que je ne suis pas parisienne, ni urbaine. Rencontres IRL ? Manifs ? Rassemblements ? Gens en chair et en os ? La perspective est un peu différente depuis le trou du cul de votre monde (pour te dire, personne ne m'envoie sa bite... en même temps, je m'abonne avec prudence...), je vis Twitter bien plus passivement. Et c'est un rouleau compresseur pour moi. Je fuis ce genre de violences tous les jours, et quand ça arrive, j'ai tendance à mal le vivre, à ne pas comprendre, à désespérer.
Je sépare drastiquement ma vie IRL et ma vie en ligne, aucun de mes amis ne se trouve dans ma TL. C'est très impersonnel ce que j'y trouve, et je dois bien dire que je me cantonnent aux domaines qui concentrent les mauvaises nouvelles : écologie, féminisme.
L'écologie et twitter, ça fait juste deux, et c'est le règne des bâtards à couilles. Je ne sais pas encore bien comment les éviter, ils débarquent sans crier gare.
Voilà, je vais penser à actualiser cette note pour ne faire croire que je n'y trouve rien et que j'y reste par pure sadisme ! Merci de ta réflexion !
Comme Ma Bite. Oui le niveau est bas, très bas.
RépondreSupprimerLes seuls amis sur twitter c'est ceux rencontrer par ce biais là. Sinon j’habite aussi un trou du cul du monde (non il n'y pas de jeu de mot débile dans cette phrase)
Ton trou du cul a l'air bien plus vivant que le mien !!! Il est situé où ?
RépondreSupprimerDe toute façon, j'ai aucune excuse : j'adore mon trou du cul et je le veux le plus isolé possible (50 habitants, 50 km avant la ville... mais on a la fibre Yeaaaah). Twitter et moi, c'est l'eau et l'huile.
RépondreSupprimerBeaucoup de lucidité dans ton constat, Volu (ce qui n'est pas surprenant). Je me retrouve dans de nombreux points, et également dans d'autres cités par MarieO.
RépondreSupprimerJ'ai dépassé ma phase d'addiction à Twitter, et j'y passe désormais beaucoup plus sporadiquement, mais avec du plaisir, et en slalomant autant que possible pour éviter tout ce qui me gave et n'attraper que ce qui m'amuse/me séduit/m'éclaire...
J'en profite pour dire que je préfère le temps du blog à celui de Twitter.
RépondreSupprimerIci, on peut commenter un article un mois après sa parution !