Vanité, Juriaen van Streeck (1670) Aujourd’hui, un mot ! Je suis un vieux mot, le temps, la peinture et la littérature m’ont largement anobli. Pourtant, je suis péjoratif, malgré la proximité de sens que j’entretiens avec la Gloire. Ce qui m’en sépare ? La vacuité ! Que de la gloriole ! Je suis vain, vide, bientôt mort et pourtant je me vante, je suis, je suis… Tout est vanité , Charles Allan Gilbert (1902) Vanité Substantif féminin du lat. vanitatem , de vanus , vain. Le terme de vanité traverse et innerve le Grand Siècle. Ce succès, dans la langue et dans l’usage, tient en partie à la complexité d’un mot déjà fort ancien au XVIIe siècle et qui, dès l’origine, se caractérise par sa dualité. Semblable à Janus, la vanité offre en effet deux visages. Protubérance présomptueuse, sa face convexe est boursouflée de prétention et d’envie : c’est la vanité vaniteuse, parent pauvre et ridicule de l’orgueil. À l’avers, sur sa face concave, se dessin