Je n’étais pas abonnée. Je n’aimais pas leurs tronches. J’ai détesté les caricatures de Mahomet. J’ai toujours entendu ma mère râler devant ce journal quand par hasard il arrivait à la maison, qu’elle qualifiait de la même grossièreté et de la même inutilité nocive que les Guignols de l’Info. Pour elle, c’était du travail de toréador grotesque, un chiffon rouge qui sent la merde. Je ne sais pas combien de fois je les ai traités de cons, au détour d’une page minutieusement lue, en les trouvant cyniques, gamins et tapageurs. Je ne crois pas en avoir acheté un seul. Je me disais que ça devrait être gratuit. Bon, peut-être pas obligatoire, mais indispensablement gratuit ! Comme un graffiti ou une insulte sur les murs des chiottes. Qui sont des menus délits, n’est-ce pas. Parce que j’adorais Charlie Hebdo, en fait. Il était impossible de me sortir de leur feuille de chou tant que je ne l’avais pas parcourue du début à la fin (en réalité, je procède ainsi...