Violences faites aux femmes : charte à l'usage des journalistes


Une charte à destination des journalistes rédigée par  Pilar Lopez Diez, professeure à l’université Complutense de Madrid et chercheuse en «Politiques de genres et moyens de communication» à l’Instituto de la Mujer, qui est passée par ici avant de se retrouver . Et puis ici du coup.



  1. Nous utiliserons les termes de "violence de genre", "violence machiste", "violence sexiste" et de "violence masculine contre les femmes", dans cet ordre de préférence. Nous rejetons les expressions "violence domestique", "violence au sein du couple" et "violence intrafamiliale"».

  1. La violence de genre n’est pas un fait divers, mais un problème de société. Pour cette raison, nous ne lui réserverons pas ce type de traitement. Nous ne publierons ni photos ni détails morbides.


  1. Jamais nous ne permettrons l’identification des victimes, ni ne donnerons d’informations qui peuvent leur porter préjudice; à elles ou à leur entourage.

  1. Nous respecterons en toute circonstance la présomption d’innocence des agresseurs. Mais une fois que la sentence de condamnation sera prononcée, nous les identifierons dûment avec comme élément prépondérant, la sentence, que nous nous devons d’essayer d’inclure dans le titre [de l’article].

  1. Jamais nous ne chercherons de justifications ou de « raisons » (alcool, drogues, disputes…). La cause de la violence de genre est le contrôle et la domination que les hommes exercent sur leurs compagnes.

  1. Nous éviterons les opinions des voisins ou de l’entourage familial qui n’ont pas été des témoins directs des faits. Dans tous les cas, jamais nous ne recueillerons de témoignages positifs sur l’agresseur ou le couple.

  1. Nous essayerons de privilégier les témoignages des personnes expertes en la matière. Il faudra donner la priorité aux sources policières et judiciaires. Nous ne devons pas informer dans l’urgence et la précipitation.

  1. Nous intégrerons les témoignages de victimes de violences uniquement quand celles-ci ne se trouvent pas dans une situation d’urgence ou sous l’influence de tout type de pressions extérieures.

  1. Nous dénoncerons aussi tous les appels continus à la violence (agressions, maltraitances psychologique, même si ceux –ci n’ont pas mené à un décès).

  1. Nous devrons toujours intégrer dans l’article le numéro de téléphone gratuit d’aide aux victimes [Violence femmes info 3919] ou tout type d’informations qui pourraient être utiles aux femmes.

La violence faite aux femmes n'est pas un fait divers mais un phénomène massif...

Commentaires

  1. Je suis assez troublé par le premier graphique qui semble mettre les hommes et les femmes quasiment sur pied d'égalité en ce qui concerne la violence (non sexuelle) en tant que victimes. Je pensais que c'était bien plus déséquilibré.
    En tout cas, ça apporte de l'eau à mon moulin de réfuter le premier point de cette charte, qui me déplaît (« violence de genre ?!? »). Violence conjugale me semble très bien dire de quoi il est question : le sentiment qu'être en couple fait que l'autre nous appartient.

    Je suis d'accord avec le point 2 dans le sens où l'angle d'approche doit changer. Il n'en reste pas moins qu'un fait isolé est un fait divers (dans ce domaine comme dans d'autres).

    3 à 9 me semble indiscutables (un bémol pour la 2e partie du 6 qui me paraît en contradiction avec 4).
    Pour le 10, c'est une bonne idée ; j'aurais préféré une suggestion plutôt qu'une injonction.

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  2. 100 000 victimes de violences d'écart entre les hommes et les femmes, ce n'est pas un "pied d'égalité" : c'est par exemple la somme totale d'hommes violentés sexuellement...

    Il s'agit de bien montrer que la violence, toutes formes confondus, s'exerce préférablement DES HOMMES CONTRE LES FEMMES et tout particulièrement au sein du couple, c'est le propos implicite de cette charte. Son autre propos est de dire que l'aspect massif de ce constat fait qu'on ne peut pas parler de fait divers. Précisément.

    4 et 6 ne sont pas contradictoires à mes yeux, ils relèvent de la même précaution : il s'agit de ne pas présenter les personnes impliquées d'office comme des coupables OU des innocents.

    J'espère que tu es aussi critique face à un "fait divers" sur les "violences conjugales" qu'à la lecture de cette charte !

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