The Dinner Party – La Déesse de la fertilité… et les autres

Avec la Déesse de la Fertilité, nous faisons un tout petit pas de plus dans l’histoire des femmes : celles qui lui sont associées sur le Dinner Party sont toutes des figures issues des mythologies européennes et du Proche-Orient ; on quitte Sumer, le berceau de l’humanité, pour les rives celtiques et nordiques, où elles sont particulièrement représentées. Les entités divines féminines sont toujours un peu « déesse de la fertilité » d’une manière ou d’une autre, mais là, on ne gardera que celles où le symbole est vraiment central.



Héra
En Europe, il y a 2 500 ansle monde Grec se préparait (difficilement) à passer sous domination romaine, et on dut accommoder l’Olympe. Le nouveau était très ressemblant : Gaïa est devenue Tellus (ou Terra) et prit le rôle symbolique de la Mère, maîtresse des saisons, en quelques coups de cuillère à pot. Tout le reste est à l’avenant : Junon succède à Héra, également citée dans cette partie de l’installation, sur le trône de la Reine des Dieux. Comme elle, elle est la déesse protectrice des jeunes filles et du mariage, épouse de Zeus/Jupiter. Le mariage était logiquement consacré aux côtés de la fertilité : il est l’acte légal qui rend possible et atteste la propriété sur la richesse de l’homme : sur sa femme et ses enfants ainsi que sur le travail, la richesse que tout ça peut produire ou constitue. Bona Dea est une discrète déesse de la chasteté (chasteté qu’elle dut elle-même défendre en vain contre son père Faunus) qui mourut sous les coups de son mari. Son culte était réservé aux femmes. Cardea était également une déesse mineure, d’ailleurs méconnue, c’est la déesse des… portes et des gonds : elle pouvait ouvrir ce qui était fermé, et fermer ce qui était ouvert. Ainsi surveillait-elle la porte du foyer… pour protéger les enfants. Ce don pratique lui a été conféré en paiement de son dépucelage (et de la perte de son titre de nymphe) par Janus.

Macha maudit les
hommes d'Ulster;
Stephen Reid,
1904
Sur les rives celtes, Brigit était une figure incontournable. Il s’agit peut-être, parmi ceux qui nous sont parvenus, du culte d’un principe féminin le plus puissant et le plus familier. Les pouvoirs qui lui étaient conférés étaient vastes et relativement importants. Mère, épouse, sœur et fille des dieux, elle régnait sur les druides, la magie et la médecine, les bardes et les arts, la guerre et les forgerons. Elle était fêtée à la fin de l’hiver lors de la fête d’Imbolc, le 1er février, jour de la Sainte Brigitte Irlandaise (adapter les cultes païens a été la grande affaire de la jeune chrétienté), pour favoriser la fertilité des champs et des troupeaux. Elle servait à tout, la mythologie celtique se caractérisant par cet unique principe féminin (mais elle avait plusieurs avatars comme MorriganDanaEtain, Macha ou Epona, qui sont autant de variations sur le principe féminin « unique » (tellement qu’il en faut plusieurs…) respectivement guerrière, mère, épouse, ménagère ou cavalière célibataire… (il y en a d’autres).
Freyja, Anders Zorn, 1901
Dans la mythologie nordique, Frija, ou Frigg, était une Ase, déesse primordiale épouse d’Odin, patronne du mariage et de la maternité. Freyja, que nous avons vu la dernière fois et avec qui elle cohabitait sous le même Hof, serait son hypostase. Nerthus serait une autre déesse germanique, uniquement évoquée par Tacite comme déesse de la fertilité à qui l’on sacrifiait des esclaves, mais on soupçonne également cette figure de se confondre avec celle de Freyja.

La mythologie finnoise tenait pour déesse primordiale Maderakka, première mère, déesse des femmes et des enfants. Très belle, elle avait aussi la sagesse d’une grand-mère. Son mari, Ukko, était un « vieillard ».

Au Proche-Orientà SumerNinti, déesse de la vie, était l’une des huit divinités créées par Ninhursag (vue précédemment) pour soigner Enki. Elle fut chargée de soigner sa douleur costale.


Cette figure de la Déesse de la Fertilité concentrait tous les attributs de la femme comme outil de l’homme : la vierge, l’épouse, la mère et la pourvoyeuse des bienfaits les plus doux. C’est l’image massive que véhicule notre antiquité naissante. Dès le départ, ce n'est pas l’intelligence de la femme, son agilité, sa sensibilité qu'on glorifie... Ce que cachent ces listes de femmes qui peuvent vous paraître longues, et qui vous sont certainement largement inconnues (et souvent redondantes), c’est la pléthore exponentielle de déités masculines qui vous sont certainement plus familières.

Toutefois, avec le temps, les panthéons vont se garnir d’une petite multitude de déesses censées refléter les différents aspects de « l’unique féminin » (parfois très inquiétantes), d’épouses, ni héros ni déesses, et de beaucoup, beaucoup, tout particulièrement dans la mythologie gréco-romaine, beaucoup de déités ou femmes dont le nom est donné parce qu’elles ont été choisies comme déversoir ad hoc par plus hauts qu’elles, et que cette « union » a généré un enfant ou une guerre. Si l'on en trouve dans les listes de Chicago, on trouvera également des déesses moins connues, plus « originales » dans le rôle qui leur est attribué… plus « émancipées ». Nous verrons également apparaître de vraies nénettes, en chair et en os, datées au Carbone 14.



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