Velours


Je te caresse avec le doigt pour effleurer le grain de ta peau, d’un doigt aussi léger qu’un atterrissage de coccinelle. Je sais que c’est bon quand moi aussi ça me chatouille la pulpe. Je ressens la caresse que je te donne, sinueuse, longue et sans fin juste au bout de mon index. La peau fine de ton cou, velue de ton épaule, le moelleux de tes flancs.

Je te caresse avec la bouche là où mon doigt a préféré passer, là où il s’est arrêté. Je n’ouvre pas les lèvres pour t’effleurer de leur ourlet. Je les entrouvre pour picorer et exhaler doucement du chaud à ta surface. Je pioute quelques bisous, j’aspire ton odeur. Je laisse enfin sortir ma langue pour te goûter et te mouiller. J’imagine que ça te fait froid, je sens que tu es chaud. Je te mords.

Je te caresse avec le nez, le bout tout frais. Avec tout mon visage, je hume ta nuque, qui a l’odeur la plus fine, la plus douce, la plus calme de tout ton corps. La plus familière. Tes aisselles toujours fraîches et douces. Tes poils qui sentent les cheveux. J’enfouis mon museau partout où il fait bon respirer : entre tes bras, tes bouclettes et tes deux testicules. Jtaime.

Je te caresse avec ma peau, paysan, ton écorce de liège et de clématites contre mon zeste de clémentine, c’est doux, c’est doux… La caresse glisse comme du talc, comme une brise sur les joues, du sable entre les doigts. C’est-y-pas Dieu possible, autant de velours sur terre ?


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